Bruno Cathala
Le prochain auteur de Jeux Descartes nous répond




Vous ne le connaissez peut-être pas encore, mais voici l'homme qui va frapper un grand coup en 2002: pas moins de trois jeux de société à paraître chez Descartes sont signés de sa main. Interview.

Bruno Cathala photographié à l'improviste

Quelle est la recette pour se faire éditer par Descartes ? Se prénomer Bruno diront certains... En réalité il n'en est rien, il suffit de faire de bons jeux. C'est en tous cas ce que Bruno Cathala a fait, à écouter ceux qui ont déjà joué à ses créations. Nous vous livrons ici une interview de ce nouvel auteur de jeux de société, dont il serait étonnant qu'il n'ait pas encore d'autres projets dans les cartons.

JesWeb - Bonjour Bruno Cathala, pouvez-vous vous présenter brièvement pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas encore  ?

Bruno Cathala - Et bien.. tout d'abord un grand bonjour ludique à tous ceux et celles qui passent sur Jesweb ! En quelques mots, j'ai 38 ans, j'habite dans les montagnes de Haute-Savoie, suis l'heureux papa de deux gremlins de 6 et 8 ans, et mon activité principale consiste à la mise au point d'alliages spéciaux dans un bureau d'études... Bref, rien à voir avec le monde professionnel du jeu ! (mais bon, je suis prêt à étudier toute proposition !)

JesWeb - Dites-nous voir, à quelle occasion vous-êtes vous pris de passion pour les jeux de société ?

Bruno Cathala - Ca, ça date de tout petit. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé jouer. Au début, c'était plutôt des "grands classiques" type Echec, Othello, Pente, mais aussi le Risk, le Cluedo et autre Monopoly. Puis, étudiant, grâce à Jeux & Stratégie, j'ai découvert tout d'abord Fief de Philippe Moucheboeuf. Ouahh !!! Les phases de négociations serrées... se terminant dès le début du tour d'après par des trahisons mémorables, avec rancune sur plusieurs jours ! Puis ensuite La vallée des Mammouths, Full Metal Planète et toute la série des jeux Ludodélire. Là, le virus s'est définitivement installé. Aujourd'hui, bien sûr, je lorgne aussi sur la production allemande.

JesWeb - Comment vous est venue l'idée d'en créer et de chercher à les publier ? Y aurait-il de la Faidut' par là ?

Bruno Cathala - Publier un jeu est pour moi un vieux rêve, qui date d'ailleurs de l'époque Jeux & Stratégie avec le concours annuel du Pion d'or. A l'époque déjà, je m'étais essayé à la création de jeux, mais le résultat était tellement pitoyable que je n'ai jamais montré ces projets à personne. Puis, à force d'acheter de nouveaux jeux, de les expliquer aux amis que je fais jouer, d'en modifier les règles, je me suis dit qu'il était à nouveau temps pour moi de recommencer l'expérience...

Sans foi ni loi
A paraître avant l'été 2002 chez Descartes. Collection Blue Games. Dans une ambiance western, chaque joueur va tenter de se constituer le ranch le plus prestigieux de tout l'Ouest du Pecos. Il faudra lutter pour s'approprier un maximum de terres, de bétail, pour recruter le plus de cowboys, et bien sûr gagner le plus de dollars. Y compris en faisant appel à des moyens pas tout à fait légaux...

JesWeb - Et ensuite ? Pouvez-vous nous raconter comment s'est passée la mise au point de votre premier jeu, Sans foi ni loi (voir encadré), et la recherche d'éditeur ?

Bruno Cathala - Sans foi ni loi a été crée en 1999. J'ai tout de suite tenté de trouver un éditeur. Etant évidemment inconnu de ce milieu, je n'ai pas osé aller frapper à la porte des éditeurs les plus connus. Un éditeur plus modeste s'est immédiatement enthousiasmé pour le projet, a accepté de le lancer, dès que possible, c'est-à-dire dès qu'une rentrée d'argent attendue arriverait enfin. Le tout sans signature de contrat... Et j'ai perdu plus d'un an car cet argent n'est jamais arrivé et l'éditeur a disparu.

Par le biais d'Internet, j'ai alors tenté le coup (sans trop y croire) de contacter Bruno Faidutti, que je ne connaissais pas, mais dont j'appréciais les jeux et le site Internet.

Et là, oh surprise: le projet lui ayant plu, il m'a mis en contact avec Jeux Descartes, en leur expliquant tout le bien qu'il pensait de ma maquette. Bruno est d'ailleurs à l'origine de quatre ou cinq cartes que j'ai ajoutées à ma maquette initiale et qui ont sans nul doute enrichi le jeu !

Drake & Drake
A paraître fin 2002 chez Descartes. Pour 2 joueurs. Sur son lit de mort, un vieux pirate vous a confié son secret: le plan de l'île où il a caché ses trésors et autres réserves de rhum.. Mais lorsque vous débarquez sur cet île, il semble bien qu'un autre pirate soit également au courant.... alors pas de quartier! La lutte sera sans pitié pour vous emparer des positions les plus stratégiques!

JesWeb - On se disait bien que Bruno "Internet Machine" Faidutti avait du interférer à un moment ou à un autre, vu le bien qu'il dit du jeu! Quand vous planchez sur un jeu, quels sont les principes que vous cherchez à respecter (un peu dur comme question ça...)

Bruno Cathala - Le seul principe que je m'impose: c'est que le résultat plaise vraiment aux différents testeurs, et tout particulièrement à ma testeuse préférée qui a un flair sûr pour me faire jeter à la poubelle ce qui ne mérite pas d'être présenté.

JesWeb - Et outre vos productions, quels sont actuellement vos jeux préférés ?

Bruno Cathala - Sur les douze derniers mois, mes favoris ont été Wyatt Earp, Medina, Tikal, Citadelles dont j'attends impatiemment la version US avec les nouveaux personnages, Evo, Râ.

JesWeb - Parlons d'avenir. Avez-vous d'autres projets de jeux sous le coude, en attente de tests ou d'éditeurs ?

Bruno Cathala - Oui... Je suis persuadé de vivre en ce moment une période assez exceptionnelle qui peut bien s'arrêter à tout moment.. alors, tant que les vents sont favorables, j'essaie de garder l'allure. Je suis en cours de discussion finale sur deux projets pour lesquels j'ai bon espoir, et en cours de développement de deux maquettes.. mais il est trop tôt pour en parler vraiment.

Tony & Tino
A paraître fin 2002 chez Descartes. Pour 2 joueurs. Les joueurs sont les deux fils jumeaux d'un parrain de la mafia qui a décidé de passer la main... mais il n'y aura qu'un héritier! Chacun d'eux va donc devoir faire ses armes sur l'un des quartiers de la ville.. A l'aide du même nombre de lieutenants fidèles, d'indics, de passe droit, il va s'agir de raqueter au mieux le quartier. Durée 20 à 30 minutes.

JesWeb - Bien, nous n'en demanderons pas plus pour le moment dans ce cas... Changeons de sujet: quel est votre opinion sur le magazine papier Jeux en Boîte ?

Bruno Cathala - J'attends toujours avec impatience ce magazine, et trois quart d'heure plus tard, j'ai déjà tout lu (ou presque) et je suis déprimé à l'idée d'attendre encore deux mois. Bien sûr, ce magazine, qui n'existe que depuis un an, est certainement perfectible, sur le fond, sur la forme. Mais son rédacteur (NDLR: Frédéric Bizet) est à ce jour le seul qui a relevé le gant de nous proposer un magazine papier traitant de notre passion commune. Si le net permet d'accéder à un flot d'informations quasi quotidienne, j'aime également pouvoir aller me coucher et re-re-re-feuilleter un magazine avant d'éteindre la lumière. Mon avis est qu'il faut encourager cette revue, la soutenir par des abonnements, ce qui n'empêche pas d'émettre des critiques constructives. J'essaie pour ma part d'apporter une petite contribution en proposant de temps à autre un article.

JesWeb - Une grande question de fond: si vous étiez éditeur, que feriez-vous pour promouvoir encore plus les jeux de société en France ?

Bruno Cathala - Le constat que je fais est que le petit monde qui nous passionne est la plupart du temps totalement inconnu du plus grand nombre. Il suffit, en fin d'un petit repas entre amis, de faire une partie d'initiation avec des jeux tels que Cartagena, 6 nimmt, le Grand dalmutti, Citadelles, pour que chacun souhaite savoir où acheter ces jeux mystérieux et inconnus. En plus, ici, en province, le magasin spécialisé le plus proche est à 40 km. L'enthousiasme initial retombe alors aussitôt car peu sont suffisemment motivés pour se déplacer juste pour acheter un jeu. Je sers donc en général de dealer! Pour promouvoir les jeux de société, il faudrait donc pouvoir les amener vers le public, car le public ne fera pas l'effort de venir vers les jeux.

Quant à savoir comment y arriver... et ben.. j'sais pas trop... C'est peut-être pour ça que je ne suis pas éditeur.

Un petit air de ressemblance avec Sean Connery, non ?

JesWeb - Une autre question de fond: vous a-t-on déjà dit que vous aviez un air de Sean Connery (voir notre petite animation) ?

Bruno Cathala - Oui, c'est vrai, on me l'a déjà dit... Et je dois dire que ça me flatte, j'adore cet acteur. Plutôt que de lui ressembler, il serait plus judicieux d'avoir son talent! Ceci dit, on m'a aussi déjà dit que j'avais une ressemblance avec Jack Nicholson, ce qui est déjà plus difficile pour draguer !

JesWeb - Et enfin, par quel miracle, avez-vous réussi à pondre trois jeux déjà décrits comme très bons, sacrebleu ?

Bruno Cathala - Les miracles, c'est pas trop mon truc... Mais j'ai eu un véritable coup de bol, sans aucun doute ! D'abord, je dois une fière chandelle à Bruno Faidutti, vous l'aurez compris. Ensuite, j'ai eu la chance d'arriver au bon endroit au bon moment. C'est-à-dire que Jeux Descartes cherchait à mettre en place une nouvelle gamme de jeux pour deux joueurs, et moi je travaillais justement sur des projets de ce type. Alors....

Maintenant, c'est aux joueurs de décider si ces jeux sont bons. J'avoue attendre cette rencontre avec impatience !

Et bien sur ces bonnes paroles, merci Bruno Cathala et bonne chance pour cette année qui s'annonce faste !

Interview réalisée en janvier 2002. Photo fournie par Bruno Cathala. Morphing Sean Connery bidouillé par JesWeb - la page des jeux de société - http://jesweb.free.fr

PNL

Voir aussi:
  • Interview du même monsieur sur Jocade - à paraître



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